Il faudra bien un jour ou l'autre se décider à faire le procés de ces fichues banques qui ont de très lourdes responsabilités dans cette crise. Le comble est que les plus grosses d'entre elles arrivent à faire des bénéfices énormes malgré une reprise plus que timide de l'économie. Le problème est que tant ques les américains ne se décideront pas à légiférer brutalement pour imposer des régles strictes sur les marchés financiers, les choses ne bougeront que très lentement.
FM
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Faute d'avoir soldé toutes leurs pertes latentes, les banques hésitent à rouvrir le robinet du crédit
LE MONDE ECONOMIE
19.10.09
Les banques ont précipité l'économie mondiale dans la crise en 2008, mais beaucoup dépendra d'elles pour que la reprise économique intervienne en 2010. Leur capacité à financer les investissements et la consommation, et à fournir les liquidités nécessaires au bon fonctionnement de l'économie, déterminera, en effet, la vigueur de la croissance.
Or, au moment où les économistes entrevoient, de manière désormais consensuelle, la sortie de la crise financière et économique commencée à l'été 2007 et ce, même si le chômage continue d'augmenter, deux questions se posent : les banques pourront-elles stimuler la croissance ? Le voudront-elles ?
A priori, le secteur financier mondial va mieux. D'un bout à l'autre de la planète, les banques recommencent à gagner de l'argent et, gage de leur bonne santé et de leur confiance en l'avenir, elles remboursent aux Etats les aides financières en capital perçues au paroxysme de la crise. La garantie publique, vitale quand la confiance disparaît, ne leur est même plus nécessaire pour emprunter de l'argent auprès des investisseurs sur les marchés financiers. Les systèmes de soutien public sont en train d'être désactivés dans la plupart des grands pays.
Surtout, le contexte des mois à venir leur semble favorable. Tout d'abord, elles peuvent aujourd'hui se refinancer à des taux très bas sur le marché monétaire, pour prêter à des taux plus élevés aux ménages et aux entreprises. Sur le front réglementaire, les contraintes envisagées dans le cadre des G20 d'avril à Londres puis de septembre à Pittsburgh, n'ont pas encore été traduites dans les faits.
Pourtant, l'inquiétude est perceptible chez les économistes. Nicolas Véron, du centre d'analyse économique Bruegel, à Bruxelles, a des doutes sur l'état de santé du système financier européen : "Même si les banques semblent avoir à peu près réglé leurs problèmes de bilans - ce qu'il nous est d'ailleurs difficile de vérifier en raison du manque de transparence -, il reste encore beaucoup de pertes latentes sur les produits liés aux crédits subprimes, mais aussi sur toutes sortes d'actifs financiers."
Pour l'économiste, il n'est donc pas certain que les banques aient retrouvé toutes leurs capacités de financement de l'économie à l'horizon 2010. Le risque n'est pas tant celui d'un resserrement du crédit - le "credit crunch" - que d'une mauvaise allocation du crédit au sein de l'économie. "Il faut avoir à l'esprit la crise japonaise et le phénomène de "zombification" de l'économie qui s'y est produit : des banques fragiles ont prêté à des entreprises fragiles, au lieu de financer les entreprises de croissance où se trouvent les emplois de demain", explique M. Véron. Il se dit donc assez pessimiste sur les perspectives de croissance de la zone euro et appelle à une purge rapide du secteur bancaire.
A ces doutes sur le réel état de santé des banques s'ajoutent les craintes liées à leurs stratégies. Le secteur bancaire a-t-il envie de mobiliser ses capitaux propres sur le financement de l'économie ? Ne sera-t-il pas plutôt tenté de se refaire sur les marchés financiers, où les gains sont plus rapides et plus faciles ? Pour l'économiste Philippe Brossard, le risque est grand de voir les banques se remettre à jouer au casino.
"Plutôt que de prêter aux ménages et aux entreprises avec des effets de levier nuls (sans perspective d'augmenter la rentabilité de leurs fonds propres), les établissements ont intérêt à développer des activités de marché spéculatives", explique M. Brossard.
La sortie de crise actuelle, qui prend la forme d'un redémarrage des marchés financiers, a toutes chances de les conforter dans leur analyse, souligne-t-il : "Les banques peuvent dire que la croissance repart grâce à elles, parce qu'elles n'ont pas soldé leurs positions sur les marchés quand ces investissements perdaient de l'argent !"
Anne Michel