AFP le 14/10/2010 à 09:36
Le dollar au plus bas en 15 ans face au yen et en neuf mois face à l'euro :
Le dollar a chuté jeudi à son plus bas niveau depuis 15 ans face au yen et en près de neuf mois face à l'euro, les investisseurs pariant sur de prochaines mesures d'assouplissement monétaire de la Banque centrale américaine (Fed).
Le dollar est tombé à 81,12 yens à 14H40 à Tokyo, soit 05H40 GMT, sa valeur la plus faible depuis avril 1995, avant de très légèrement remonter à 81,25 yens à 07H20 GMT. Il cotait encore 81,79 yens mercredi à 21H00 GMT à New York.
Le billet vert a baissé aussi face à l'euro, qui est monté jusqu'à 1,4103 dollar à 06H59 GMT, avant de quelque peu refluer, à 1,4086 dollar à 07H20 GMT. La monnaie unique européenne ne valait que 1,3958 dollar mercredi à 21H00 GMT.
Les opérateurs continuaient de vendre des billets verts, après la publication mardi des minutes de la dernière réunion de politique monétaire de la banque centrale américaine.
Ce document a montré que la Fed envisageait une injection de liquidités pour relancer l'économie, ce qui pourrait entraîner une détente des taux d'intérêt aux Etats-Unis et affaiblir de nouveau le dollar.
Le billet vert était aussi victime de la décision, jeudi, de la banque centrale de Singapour de laisser sa monnaie nationale s'apprécier, ce qui a incité les opérateurs sur place à vendre des dollars américains contre des dollars de Singapour, puis entraîné le billet vert à la baisse partout en Asie.
"La décision de Singapour a renforcé les spéculations sur la poursuite de la montée des devises asiatiques", a expliqué Yasuyuki Takeuchi, courtier à la banque Mitsubishi UFJ.
Les opérateurs se demandaient, en outre, si les autorités japonaises pourraient intervenir de nouveau sur le marché des changes pour contrer la baisse du dollar face au yen, comme elles l'ont fait le 15 septembre pour la première fois en six ans.
Jeudi, le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a appelé la Corée du Sud et la Chine à agir "de façon responsable, conformément aux règles communes", rappelant que les pays du G20 devaient se garder "d'abaisser artificiellement la valeur de leur monnaie".
Le ministre nippon des Finances, Yoshihiko Noda, a même lancé jeudi que la Corée du Sud devrait, en tant que présidente en exercice du G20, "fournir des réponses claires" sur ce point lors du sommet du groupe en novembre à Séoul.
Un haut responsable du ministère des Finances japonais s'est toutefois excusé pour les propos de M. Noda, a assuré Séoul, alors que la possibilité d'une "guerre des monnaies" est évoquée partout dans le monde.
Selon M. Takeuchi, "le Japon aura du mal à intervenir sur le marché après avoir appelé ses voisins à la responsabilité".
Le gouvernement nippon opère toutefois un distinguo entre sa propre intervention sur les changes et celle de ses voisins.
Tokyo explique avoir agi exceptionnellement pour entraver une hausse trop rapide du yen, mais accuse Séoul de vendre systématiquement sa monnaie nationale pour l'affaiblir et reproche à Pékin de ne pas laisser sa propre devise monter comme il se devrait.
Le dollar était repassé au-dessus de 85 yens après la vente massive de yens par Tokyo mi-septembre mais la devise nippone a repris sa hausse depuis. Un yen trop fort lamine la compétitivité des groupes japonais à l'étranger et réduit la valeur de leurs profits rapatriés dans l'archipel.
Le gouvernement nippon a déclaré plusieurs fois qu'il interviendrait de nouveau "si nécessaire" sur le marché des changes.
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