Portugal : le parlement rejette le plan d'austérité, démission attendue du Premier ministre
Le parlement portugais a rejeté mercredi le programme d'austérité du gouvernement socialiste minoritaire, ouvrant la voie à la démission du Premier ministre José Socrates à la veille d'un sommet européen crucial pour la stabilisation de la zone euro.
Les cinq partis d'opposition, de l'extrême-gauche à la droite, ont voté à l'unisson pour condamner ce quatrième plan d'austérité en moins d'un an, censé "garantir" la réduction des déficits publics et éviter un recours à l'aide extérieure.
S'exprimant après cinq heures de débats, le ministre porte-parole du gouvernement Pedro Silva Pereira a dénoncé l'"irresponsabilité" d'une "coalition négative" qui "rejette un instrument essentiel de l'action du gouvernement tout en sachant qu'il a obtenu l'appui et le vote de confiance des institutions européennes et des partenaires européens du Portugal".
Dans une intervention très dure, il a condamné une "coalition élargie au FMI, parce que c'est vers là que l'on va" alors que, a-t-il insisté, "jusqu'ici le Portugal avait été capable d'assumer le financement de son économie et à éviter le recours à une aide extérieure".
Menant le débat au nom du gouvernement, le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos avait auparavant défendu la nécessité "urgente" et "impérieuse" des nouvelles mesures afin d'"ôter tous les doutes et incertitudes" sur la capacité du pays à ramener son déficit public à 2% du PIB à l'horizon 2013 comme il s'y est engagé.
"Le rejet de ce plan va aggraver les conditions de financement du pays et créer des difficultés supplémentaires, que je doute que nous pourrons surmonter seuls", a souligné M. Teixeira dos Santos, qui avait déjà précédemment mis en garde contre une crise politique qui "pousserait le pays dans les bras de l'aide extérieure".
"Le fait que le gouvernement reconnaisse que le pays est au bord de formaliser une demande d'aide extérieure pour calmer les marchés suffit à donner la dimension du drame auquel ce gouvernment nous a conduit", lui a répondu Manuela Ferreira Leite, ancienne ministre des Finances de l'actuel président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
"Il est de notre responsabilité de mettre un terme au déclin inexorable vers lequel nous conduit ce gouvernement", a insisté l'ancienne dirigeante du parti social-démocrate (PSD, centre-droit).
Face au rejet annoncé de son plan, M. Socrates a dit qu'il démissionnerait, non sans promettre d'être de nouveau candidat aux élections anticipées qui pourraient être fixées fin mai ou début juin.
Le chef du gouvernement, qui avait quitté le Parlement sans un mot peu après l'ouverture du débat, pourrait présenter sa démission dès mercredi soir au président de centre-droit Anibal Cavaco Silva.
Il pourrait aussi attendre la fin vendredi du sommet européen qui doit parachever la réponse de l'UE à la crise de la dette dont le Portugal pourrait être, après la Grèce et l'Irlande, la prochaine victime.
Face aux rumeurs d'une aide imminente au Portugal pour lui éviter la banqueroute, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker a rappelé mercredi qu'"il appartient au gouvernement portugais de demander l'assistance du Fonds de soutien", soulignant que "si cela devait être fait, ce serait sous de strictes conditions".
Ces derniers jours, Pedro Passos Coelho, chef du Parti social-démocrate (PSD, centre droit) et futur Premier ministre pressenti, a multiplié les gages à l'égard des marchés et de Bruxelles.
Se disant prêt à "collaborer avec le FMI et l'UE" dans le cadre d'un programme d'aide, il s'est "solennellement" engagé à réduire les déficits comme prévu et à accélérer les réformes structurelles qu'il réclame depuis des mois.
Pour y parvenir, il s'est dit favorable à la mise en place d'un "gouvernement de majorité élargie", seul à même, selon lui, d'imposer aux Portugais de nouveaux "sacrifices".
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