09/09/11 à 20:00 - INVESTIR
On répète à l'envi que les marchés ont horreur de l'incertitude. Sur ce plan-là, nous sommes particulièrement gâtés et cela à trois niveaux. Depuis la terrible dégradation de la dette américaine, toute rumeur trouve une oreille attentive et, en cela, mine la confiance générale. La seconde incertitude porte sur la réalité de la conjoncture mondiale. On a dit et répété que la reprise était là, avec des taux de croissance américains et allemands à faire pâlir de jalousie tous les autres pays occidentaux, mais les faits viennent nuancer et peut-être démentir ces pseudo-évidences.
Enfin, la difficulté des gouvernements à imposer des solutions prudentes fait tomber l'un des derniers fondements de nos sociétés, celui du primat des politiques sur les marchés. Tant que ces trois incertitudes ne seront pas levées, la volatilité des marchés sera telle qu'aucune sortie de crise ne pourra être envisagée.
Dans cette perspective, les eurobonds ne sont pas toute la solution, mais un élément clé. Pourquoi ? Parce qu'ils permettent de mutualiser la dette en Europe et supposent donc des montants de plusieurs milliers de milliards d'euros. De fait, ils créent un nouveau marché très profond de la dette publique dans le monde et stabilisent le comportement des investisseurs qui aujourd'hui ne disposent que des T-bonds. Mais les réticences légitimes doivent trouver des réponses solides. D'abord, l'Allemagne n'en voudrait pas parce que cela augmenterait le coût de sa propre dette dans la mesure où les taux d'intérêt de ces eurobonds seront évidemment supérieurs, légèrement supérieurs, aux taux des émissions allemandes.
La seconde critique porte sur l'aléa moral, c'est-à-dire sur le risque de voir des Etats peu scrupuleux utiliser cette possibilité nouvelle sans remettre en cause leur endettement excessif. Enfin, certains soulignent que la mutualisation de la dette suppose un fédéralisme économique beaucoup plus poussé que ce qui existe aujourd'hui. Autant de raisons pour ne rien faire… Or, il existe bien des moyens d'inciter les pays à la vertu, soit en modulant les taux d'intérêt en fonction de leurs politiques économiques, soit en suggérant que sur une maturité d'émission de dix ans, les cinq premières soient faites au taux d'intérêt de l'eurobond, c'est-à-dire faible, la seconde moitié ayant un taux d'intérêt du Trésor du pays considéré. Une bonne incitation à la vertu ! Quant au surcoût allemand, on peut imaginer qu'il serait bien inférieur à ce qu'entraînerait une explosion de l'euro. On pourrait imaginer également un système de bonus/malus au bénéfice de l'Allemagne. Quant au fédéralisme, moins de discours et plus d'action…
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