MoneyWeek le 14/09/2011 à 17:55
Première erreur : "le marché est très bas, il faut acheter"
A entendre bon nombre de "spécialistes", il paraît que puisque les marchés actions ont fortement corrigé, ils seraient bon marché. En fait, ils n'ont pas corrigé. Ils se sont brutalement et impitoyablement reconnectés à une tendance structurellement baissière depuis juin 2007 et l'ancien plus-haut des 6 168 points sur le CAC 40.
N'écoutons plus ces "spécialistes" qui voyaient le CAC à 10 000 points en septembre 2000. Ces spécialistes se sont obstinés depuis 18 mois à situer l'évolution du CAC entre 4 500 (pour les plus pessimistes) et 5 500 pour les plus optimistes.
En réalité, les marchés continuent à se tromper lorsqu'ils considèrent que la prime de risque des actions est suffisamment importante aujourd'hui. Ceci conduit naturellement de nombreux spécialistes de la valorisation actions à nous parler de "l'attractivité des actions" car la prime de risque supportée par cette classe d'actifs serait devenue colossale. En gros : le risque serait déjà intégré dans les cours, et les actions sont trop peu chères.
Rappelons que la prime de risque est la différence entre le rendement anticipé des actions et du taux d'intérêt sans "risque". Il est vrai qu'avec des taux longs d'emprunts d'Etat entre 2% et 2,5% servant à étalonner les bénéfices futurs, on ne peut que conclure naïvement à la sous-évaluation des actions. Le problème, néanmoins, est de savoir quel est le taux long qu'il faut utiliser pour valoriser une action de la Zone euro en 2011.
Si l'on prend des taux à terme (dits forward) ou encore des taux à terme avec une prime de risque liée à l'aversion au risque, ou si l'on prend le taux moyen des emprunts d'Etat de la Zone euro, voire celui des obligations émises par les banques ou par des entreprises très cycliques, l'histoire n'est plus la même et la sous-évaluation n'est plus si flagrante.
Et, à ce stade, vous n'avez même pas encore pris en compte les évolutions réglementaires et prudentielles qui vont décourager l'investissement en actions. Ceci va certainement continuer à peser sur l'offre de certaines actions des secteurs banques et assurances compte tenu des besoins de recapitalisation attendus.
Première conclusion : non décidément, et en dépit de la violente baisse constatée depuis un mois, les actions ne sont pas si bon marché.
Seconde erreur : les marchés se trompent de modèle de croissance pour les bancaires
L'idée selon laquelle l'investissement en actions s'inscrit dans la durée (car vous achetez des perspectives bénéficiaires d'entreprises qui finiront bien par générer un retour sur investissement) est tout simplement devenue absurde. Alors exit les conseils que l'on prodigue à tout nouvel investisseur en Bourse en lui faisant comprendre que l'on finit toujours par revoir son cours !
Quand les marchés se trompent sur la valorisation du modèle de croissance et donc sur les valorisations des entreprises phares de ce modèle, il n'y a, au contraire, aucune chance de revoir son cours.
Aujourd'hui, les marchés ignorent complètement les évolutions réglementaires (accélérées d'ailleurs par l'accroissement du risque systémique) Bale 3 et Solvency 2 qui mettront sous pression le business model bancaire. Avec par exemple une baisse des positions de transformation, une hausse du coût de la liquidité et des fonds propres. Tout ceci va ralentir la progression du produit net bancaire et donc celle du résultat net courant.
Les grandes valeurs bancaires ne retrouveront jamais plus leurs cours de 2006/2007 pour cause là aussi d'évolution du contexte économique et réglementaire dans lequel les banques sont désormais rentrées depuis 2008.
Seconde conclusion : contrairement à une idée répandue, il se peut qu'un investisseur en actions ne revoit jamais ses cours d'entrée. Et un nombre important d'actions sont très vraisemblablement dans ce cas.
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