Philippe Gijsels (stratégiste chez Fortis) prévoit que les Bourses termineront 2008 sur un bilan négatif (-14 %).
(l'écho) - Les Bourses sont-elles au bout de leur peine ? Le rebond des indices mardi nous incite à abonder dans ce sens. Avec les montants colossaux de dépréciations avoués il y a deux jours par la banque suisse UBS dans le cadre de la crise du subprime, nombre d'investisseurs ont l'impression que le pire est derrière nous.
Pour appuyer ce sentiment, ils évaluent que les institutions financières, victimes de la crise financière, se sont à présent quasi toutes faites connaître et que les dégâts sont, pour l'essentiel, chiffrés. En outre, alors que les banques regardent à deux fois avant de se prêter, voilà que des banquiers comme BNP Paribas, Goldman Sachs, Morgan Stanley et JP Morgan sortent du bois et viennent prêter main-forte à UBS pour l'aider à renforcer ses fonds propres. Le jour même de cette opération de « sauvetage », la banque d'affaires américaine Lehman Brothers n'avait rencontré de son côté aucune difficulté à lever 4 milliards de USD.
VIX rassurant
"Les informations touchant UBS et Lehman Brothers sont interprétées comme le signe que la crise du crédit est presque arrivée à son terme », commente Andrea Kramer, de chez Schaeffers. L'évolution de l'indice VIX de la Bourse des options de Chicago conforte ces propos. Cet indice, qui mesure la volatilité implicite des cours des actions du S & P 500, vient de retrouver un plus bas de 5 semaines. Sur la seule journée du 1er avril, il a reflué de 11 % à 22,68. Les actions UBS et Lehman Brothers ont, pour leur part, rebondi de 12,3 % et 17,8 % respectivement. De toute évidence, la crise financière est entrée dans une nouvelle phase. Une phase qui tend à rassurer les intervenants sur les marchés financiers. Pour autant, peut-on imaginer que les soucis d'hier puissent être rayés d'un seul trait ? Et les Bourses renouer avec plus de stabilité, voire repartir de l'avant ? Nombre de prévisionnistes en doutent, arguant du fait que de nouvelles dépréciations d'actifs sont toujours possibles. Il y a seulement quelques jours, Goldman Sachs indiquait que le montant des dépréciations et des pertes sur crédit dues au « subprime », atteindra le montant de 460 milliards de USD. Pour l'heure, et selon des chiffres compilés par « Bloomberg », on arrive à 232 milliards de USD. Le fait que l'euribor à 3 mois reste collé à ses plus hauts niveaux de l'année de 4,70 % dans la zone euro ne permet pas non plus de se montrer optimiste.
Analystes trop optimistes
Stratégiste (actions) auprès de Fortis, Philippe Gijsels pense que la tendance des Bourses restera baissière. Le rebond des cours opéré mardi avec l'annonce de mauvaises nouvelles, est caractéristique de marchés de court terme, considérés comme survendus. Mais ce rally, qui profite aussi du fait que les liquidités abondent avec le début d'une nouvelle période trimestrielle, peut bien durer 2 à 3 semaines, explique Gijsels. « Les cours peuvent encore monter de 5 à 6 % », dit-il. Il recommande toutefois beaucoup de circonspection, car ce rebond peut fort bien aussi s'achever aujourd'hui ou demain.
Pour justifier ses prévisions prudentes, le stratégiste invoque les estimations d'analystes toujours trop optimistes à ses yeux pour les bénéfices des entreprises. « S'il s'avère que les USA basculent dans la récession, il faut prévoir une baisse des profits pouvant aller jusqu'à 20 % », affirme-t-il. Philippe Gijsels prévoit que l'environnement boursier restera difficile durant 12 à 18 mois depuis les plus hauts de 2007. Il n'exclut pas que les indices puissent retenter les plus bas atteints cette année. Pour 2008, il évalue que les Bourses achèveront 2008 sur un bilan négatif proche de -14 %.
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