Reuters le 08/10/2008 13h51
BAISSE COORDONNÉE DES TAUX DES GRANDES BANQUES CENTRALES
PARIS (Reuters) - Les gouvernements outre-Atlantique et outre-Manche se jettent dans la bataille pour résorber la crise financière et sont épaulés par leurs banques centrales qui ont opéré mercredi en milieu de journée une baisse des taux concertée avec d'autres instituts d'émission, dont la Banque centrale européenne.
La Réserve fédérale américaine et la BCE ont annoncé une baisse d'un demi-point de leurs taux directeurs. Baisse des taux également de la Banque d'Angleterre, de la Banque nationale suisse, de la banque centrale du Canada de la Riksbank suédoise et de la Banque populaire de Chine.
La Banque du Japon, sans participer au mouvement, a dit qu'elle restait en contact étroit avec les autres banques centrales.
C'est l'intervention la plus spectaculaire des banques centrales pour tenter de stabiliser un système financier international. Elle s'ajoute à leurs opérations répétées sur les marchés monétaire et interbancaire qu'elles abreuvent massivement en liquidités pour rétablir - sans grand succès jusqu'à présent - un climat de confiance entre les établissements.
La BCE agit ainsi de manière concertée avec la Réserve fédérale, et d'autres instituts d'émission, depuis décembre 2007, injectant du dollar contre collatéral en euro.
"MESURES URGENTES"
Auparavant, les Etats-Unis puis la Grande-Bretagne avaient déjà employé les grands moyens.
Le Trésor américain a concocté un plan de renflouement du système financier américain évalué pour l'heure à 700 milliards de dollars, qui a reçu l'aval de Washington et finalement du Congrès.
La Réserve fédérale a accompagné le mouvement en annonçant mardi une nouvelle facilité destinée à prévenir un assèchement du marché du billet de trésorerie (papier commercial), abondamment exploité par les entreprises pour financer leurs activités sur le court terme.
Mercredi matin, la Grande-Bretagne a annoncé un paquet de mesures très attendues, axées sur le renflouement du secteur bancaire.
Elles englobent un plan de recapitalisation des banques de 50 milliards de livres (64 milliards d'euros) et un apport de liquidités de la Banque d'Angleterre de 200 milliards de livres (259 milliards d'euros) au moins.
Les établissements éligibles, sept plus une grande société de crédit immobilier, se sont engagés à augmenter globalement leur capital de première catégorie (Tier 1) de 25 milliards de dollars (34,2 milliards d'euros).
La Banque d'Angleterre, qui mettra les 200 milliards de livres à la disposition des banques, doit en outre dévoiler la semaine prochaine un nouveau dispositif de prêt aux banques, comportant également le recours à l'escompte mais dans des conditions moins dures qu'actuellement.
Par comparaison, les annonces faites par l'Union européenne mardi paraissent faibles: elle a relevé la garantie des dépôts bancaire des particuliers, la portant de 20.000 à 50.000 euros.
De surcroît, elle a choisi une démarche de recapitalisation bancaire au cas par cas, à l'opposé de la dimension globale du plan Paulson aux USA ou du plan Darling en Grande-Bretagne.
L'Espagne a annoncé dès mardi soir que la garantie des dépôts était relevée à 100.000 euros, une option envisagée par l'Union européenne mais dans certains cas seulement.
En Italie, un conseil des ministres est convoqué en début de soirée pour évoquer des "mesures urgentes" de stabilisation du secteur bancaire qui, dit-on, seraient assez similaires à ce qui s'est fait en Grande-Bretagne.
RÉACTION BOURSIÈRE MITIGÉE
Avant la baisse des taux, les marchés boursiers étaient sur une forte pente descendante.
Les indices de Wall Street ont ainsi perdu autour de 5 à 6% mardi et l'indice du secteur financier américain a décroché de 11,5%. La Bourse de Tokyo a chuté de plus de 9% et subi sa plus forte baisse en pourcentage depuis 21 ans.
Les Bourses européennes ont touché un plus bas de cinq ans dans la matinée, avec un indice FTSEurofirst 300 qui perdait plus de 5%.
Elles avaient toutefois commencé à réduire leurs pertes en fin de matinée dans le sillage des banques britanniques HBOS et Royal Bank of Scotland qui bondissaient respectivement de 60% et de 33%.
Cette réduction des pertes s'est accentuée, avec même un bref passage au vert pour certains indices, après la baisse des taux concertée.
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