Reuters le 16/12/2008 22h01
WASHINGTON (Reuters) - La Réserve fédérale a réduit son objectif pour le taux des fonds fédéraux, l'établissant à une marge sans précédent de 0% à 0,25%, alors qu'il était de 1,0% auparavant, et elle entend employer "tous les outils disponibles" pour couper court à la récession.
La décision de la Fed a surpris des marchés qui anticipaient un demi-point, voire trois quarts de point de baisse au plus.
"La Réserve fédérale emploiera tous les outils disponibles pour promouvoir une reprise de la croissance et préserver la stabilité des prix", précise la banque centrale dans un communiqué, au terme d'une réunion de deux jours de son comité de politique monétaire (Fomc).
Le taux des Fed Funds n'avait jamais été aussi bas, au vu de statistiques remontant à juillet 1954, et la banque centrale pense qu'il restera sans doute "à des niveaux exceptionnellement bas pendant un certain temps".
La Fed s'est dit en outre prête à accroître ses achats massifs, déjà annoncés, de dette émise par des organismes de prêts immobiliers disposant de la garantie de l'Etat, pour soutenir un secteur immobilier durement touché.
Elle étudie également d'éventuels achats d'emprunts d'Etat à long terme et envisage d'autres moyens d'emploi de ses ressources pour soutenir l'économie.
La Bourse, les Treasuries et l'or ont accru leurs gains après cette annonce, tandis que le dollar cédait du terrain.
"Pas très orthodoxe, et très novateur", réagit Michael Woolfolk, stratège changes senior chez Bank of New York-Mellon. "Pour le consommateur et le marché financier US, nous pensons qu'on ne pouvait pas faire mieux."
UN NOUVEAU FRONT
La Fed a par ailleurs abaissé le taux d'escompte de trois quarts de point à 0,5%.
Elle a précisé que la décision monétaire avait été unanime.
La Fed a constaté une détérioration des conditions du marché du travail depuis sa dernière réunion et observe que les dépenses de consommation, l'investissement des entreprises et la production industrielle ont tous décliné.
Les marchés financiers restent tendus et les conditions de crédit également, tandis que les perspectives pour l'activité économique se sont encore dégradées.
Des économistes interrogés par Reuters prédisaient la semaine dernière que l'activité se contracterait de 4,3% en rythme annuel au quatrième trimestre face à la montée du chômage mais depuis lors, de nouveaux indicateurs les ont rendus encore plus pessimistes et certains n'hésitent plus à anticiper une contraction de 6%, voire plus.
De fait, les derniers indicateurs économiques publiés ce mardi n'incitent pas à l'optimisme, ainsi des prix de détail, qui ont sensiblement fléchi.
Consciente qu'elle n'avait plus beaucoup de marge de manoeuvre en utilisant l'arme des taux, la Fed a débuté sa réunion lundi, soit un jour plus tôt que prévu, se donnant ainsi plus de temps pour étudier ses possibilités.
Le président de la Fed Ben Bernanke avait évoqué dans un discours le 1er décembre dernier les politiques alternatives que la banque centrale pouvait employer, une fois les taux d'intérêt ramenés à un niveau proche de zéro.
Il avait notamment cité l'achat en direct par la Fed de quantités importantes d'emprunts obligataires émis par l'Etat fédéral, notamment de la dette liée à l'immobilier.
A la suite de la baisse des taux directeurs, plusieurs grandes banques américaines ont abaissé leur taux de base.
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