Reuters le 14/08/2014 à 09:48
par Daniel Bases et Hugh Bronstein
BUENOS AIRES/NEW YORK, 14 août (Reuters) - Les perspectives
d'un règlement avec certains créanciers privés de l'Argentine se
sont éloignées un peu plus mercredi, tandis que le gouvernement
argentin ne semblait pas particulièrement décidé à retourner à
la table des négociations.
Aurelius Capital Management, l'un des créanciers
réfractaires, a déclaré qu'au terme de plusieurs réunions rien
n'avait été présenté de valable pour régler un litige portant
sur des obligations remontant à un défaut de près de 100
milliards de dollars de 2002.
"Aucune proposition reçue n'était le moins du monde
acceptable. Les entités qui les ont faites n'étaient disposées
qu'à financer, éventuellement, une petite partie des paiements
qu'elles voulaient nous faire accepter. Une proposition a été
retirée avant même que nous y ayions répondu et aucune de nos
propositions n'a fait l'objet d'une réponse productive",
explique Aurelius dans un communiqué.
"Tout cela nous a convaincus qu'il n'y avait aucune
perspective réelle de solution privée".
Les fonds spéculatifs Aurelius et Elliott Management ont
engagé une longue bataille procédurière aux Etats-Unis pour
récupérer l'argent investi à très bas prix dans la dette
argentine depuis 12 ans.
L'Argentine est de nouveau en situation de défaut sur sa
dette depuis la semaine dernière, conséquence d'une décision du
juge américain Thomas Griesa qui a bloqué le remboursement de
539 millions de dollars dus par Buenos Aires à ses créanciers
avant la date limite du 30 juillet.
Le juge new-yorkais a ordonné à Buenos Aires de rembourser
au préalable 1,33 milliard de dollars plus les intérêts à
Elliott et Aurelius, des fonds dits "réfractaires" car ils ont
refusé les conditions de deux restructurations remontant à 2005
et 2010.
Dans ce contexte, l'espoir de trouver une solution passait
par des propositions élaborées d'abord par l'Argentine puis par
un consortium de grandes banques internationales.
Citigroup C.N , Deutsche Bank DBKGn.DE , HSBC HSBA.L et
JPMorgan Chase JPM.N avaient ainsi proposé aux fonds
spéculatifs réfractaires de leur restituer 40 cents par dollar
sur un total de 1,66 milliard de dollars plus intérêts
d'obligations détenues par ces fonds, une offre portée à 50
cents lundi, ont dit des sources à Thomson Reuters IFR.
LES CONDITIONS NE SONT PAS LÀ
L'Argentine refuse d'appliquer aux réfractaires des
conditions de remboursement qu'elles jugeraient meilleures que
celles réservés aux investisseurs qui ont accepté les
précédentes restructurations suivant la clause dite RUFO (Rights
Upon Future Offers).
Le juge Griesa avait déclaré vendredi dernier qu'il pourrait
décider que l'Argentine a commis un outrage à magistrat si elle
continue d'affirmer qu'elle a rempli ses obligations et qu'en
conséquence elle n'est pas en défaut.
Une menace qui n'impressionne guère le gouvernement
argentin, dont le secrétaire général Jorge Capitanich a dit
mercredi que le juge en question n'avait aucunement saisi toutes
les complexités du dossier et ajouté qu'il n'était pas prévu de
rencontrer à nouveau les fonds réfractaires.
"Les conditions propices à une négociation ne sont pas là",
a-t-il dit à la presse.
Le juge Griesa avait gelé les 539 millions de dollars que
l'Argentine avait déposé sur un compte séquestre en juin afin de
rembourser les créanciers non réfractaires d'ici le 30 juillet.
Capitanich reproche au juge d'avoir refusé de dégeler ces fonds
comme le lui demandaient lesdits créanciers.
"Cette absence de décision montre à l'évidence une
incompréhension de la procédure, une incompréhension du statut
de l'Argentine en tant que pays souverain", a-t-il dit.
Le peso argentin a perdu plus de 1,5% mercredi, à un plus
bas record de 13,15 par dollar dans des échanges non officiels
ARSB= . Le contrôle des changes oblige la plupart des Argentins
à acheter du dollar sur le marché noir, à un cours qui est
considéré comme bien plus véridique que le taux officiel de
8,2750 par dollar.
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