09/12/14 à 16:15 - Investir.fr
La Bourse d’Athènes chute après la décision du gouvernement grec d’avancer, de pratiquement deux mois, le scrutin de l’élection présidentielle. Sa pire journée depuis 27 ans.
Badaboum ! La séance du mardi 9 décembre restera comme celle du plus gros gadin de la Bourse d’Athènes depuis 27 ans : elle avait chuté de 12,64 %, le 26 octobre 1987. L’indice de référence grec, ASE, dégringole de 13 % en milieu d’après-midi, à 901 points, tandis que le taux souverain à dix ans se tend sensiblement, au point de frôler les 8 %. Elle entraîne dans sa chute les autres places financières européennes, en particulier celles du sud de l’Europe : Milan lâche 2,05 %, Madrid 2,47 % et Lisbonne 2,54 %.
La cause d'un tel coup de torchon ? L’annonce par le gouvernement, lundi soir, de la tenue d’élections présidentielles anticipées. Le parlement hellénique, la Vouli, va tenter de choisir un nouveau chef de l'Etat le 17 décembre, soit dans une semaine. Et non en février 2015 comme initialement prévu. Le mode de scrutin est celui du suffrage indirect, c’est-à-dire un vote des parlementaires au cours duquel un candidat, choisi par le gouvernement, est élu s’il obtient la majorité qualifiée des deux tiers (200 voix). Deux tours sont possibles. En cas d’impasse, un troisième tour serait organisé, à l’issue duquel une majorité des trois cinquièmes seulement est requise. Si vraiment aucune entente n’est possible, le Parlement grec est alors dissout et de nouvelles élections générales sont organisées dans un délai de 30 jours.
La menace Syriza
Le Premier ministre Antonis Samaras a choisi le candidat du gouvernement : il s’agit de l’ancien commissaire européen à l'Environnement et ministre des Affaires étrangères, Stavros Dimas, 73 ans. Mais sa victoire est loin d’être acquise. La confiance toute relative (155 voix pour, 131 contre) accordée en octobre au premier ministre Antonis Samaras en est la parfaite illustration. Le marché redoute une victoire du parti d’extrême gauche Syriza. Son leader, le jeune Alexis Tsipras, 40 ans, est bien, très bien, placé dans les sondages, mais détesté des milieux d’affaires. « Celui-ci a indiqué s’opposer aux exigences des créanciers internationaux de la Grèce, et souhaite négocier une restructuration de la dette du pays », rappelle le bureau d’études CM-CIC Securities.
Alors pourquoi Antonis Samaras a-t-il décidé d’avancer l’élection présidentielle ? « Afin de pouvoir lever l’incertitude politique en amont des prochaines négociations [sur le versement de la prochaine tranche d’aide de la Troïka, NDLR], à l’occasion desquelles il souhaite obtenir la fin du programme d’aide et l’ouverture d’une ligne de précaution », répond CM-CIC Securities. Les ministres européens des Finances de l’Eurozone ont décidé de repousser de deux mois, du 31 décembre à fin février, l’échéance pour négocier la prochaine aide de la Troïka d’un montant de 1,8 milliard d’euros. Athènes a donc deux mois supplémentaires pour trouver un terrain d’entente avec ses créanciers qui, pour l’heure, ne sont pas convaincus par le projet budgétaire 2015 voté in extremis dimanche soir. Il prévoit une croissance de 2,9 % en 2015 et un excédent primaire de 3 % du PIB.
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