Pourquoi le prix de la vanille s'envole-t-il ?
Boursorama avec AFP le 09/08/2017 à 14:14, mis à jour à 14:36
La vanille est-elle devenue un produit de luxe ? Selon BFM-TV, le prix du kilo de gousse est passé en un an de 150 à 600 dollars (+300%), soit 10 euros la gousse. En cause ? De mauvaises récoltes, notamment à Madagascar, et une demande de plus en plus forte des consommateurs.
Cette augmentation n'est pas nouvelle. Depuis 2004, le prix de la gousse de vanille a été multipliée plus de 20 fois, notamment après le passage du cyclone Enawo sur l'île de Madagascar le 7 mars 2017. Une grande partie de la zone de production avait alors été touchée, réduisant la collecte de 25 à 30%. Une catastrophe naturelle qui a affecté l'ensemble du marché mondial puisque 80% de la production de vanille provient de l'île de l'Océan indien.
"Une flambée des cours comme on en n'avait rarement connue", expliquait fin juin à France Info le professeur d'histoire économique à l'Université Paris-Dauphine et directeur de la publication du rapport Cyclope sur les matières premières, Philippe Chalmin. "On est passé de moins de 50 dollars le kilo à, dans certains cas, 600 dollars le kilo".
Plus que la spéculation, l'universitaire mettait en avant "l'inorganisation du marché au niveau malgache" : "pendant très longtemps - à l'époque où Madagascar était une république plus ou moins socialiste - il y avait un organisme d'État qui gérait la collecte et l'exportation de vanille. Depuis, tout a été privatisé. Malheureusement Madagascar est tombé de Charybde en Scylla en ce qui concerne sa gouvernance et cela a aussi affecté la vanille. Manifestement il y a eu localement de la rétention, des achats par des intermédiaires... La situation est allée véritablement de mal en pis".
UNE QUALITÉ EN BAISSE ?
Selon lui, d'autres pays pourraient "prendre le relais d'ici deux à trois ans" comme l'Indonésie, la Papouasie-Nouvelle Guinée, l'Ouganda et l'Inde. "D'autres produits au goût vanillé, comme la fleur du giroflier, pourraient également détrôner la vanille". "Il y a beaucoup de pâtissiers-glaciers qui ont arrêté la vanille", confirme ce mercredi sur BFM-TV, Emmanuel Ryon, meilleur ouvrier glacier de France. "Ils l'ont remplacé par de la poudre ou de la pâte de vanille".
Cette augmentation des prix a également un impact sur les vols dans les pays producteurs : en réponse, les cultivateurs ont décidé de récolter la vanille avant l'heure, suscitant des inquiétudes sur la qualité du produit. La vanille de Madagascar aurait ainsi perdu entre 30 et 40% de son arôme, selon France Info. "Les niveaux de prix et de qualité de la vanille malgache sont inversement proportionnels. Le taux de vanilline, qui garantit la qualité des gousses, est passé de 1,8% en 2014 à 1,2% en 2015. On se dirige vers un taux de 0,98% cette année", expliquait un intermédiaire de la filière en début d'année au Monde.
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