Dow Jones le 05/01/2007 16h24
PARIS (Dow Jones)--La progression régulière des actions pourrait être arrivée à son terme, la forte volatilité qui a caractérisé la première séance de 2007 reflétant un changement dans la manière dont les investisseurs voient les marchés et leur évolution à venir.
L'indice Dow Jones, après avoir grimpé de 117 points jusqu'à un plus-haut historique de 12580,35 points en début de séance mercredi, a fait machine arrière pour finir la séance en hausse de 11 points seulement.
Entre son plus-haut et son plus-bas, l'indice des valeurs industrielles a varié de 175 points, déstabilisant les investisseurs qui avaient pris l'habitude, durant plus de quatre mois, d'une forme de constance dans la progression des valeurs.
Le basculement s'est produit dans le courant d'une seule séance mais l'inquiétude quant à l'évolution prochaine des marchés pourrait être justifiée, estiment les analystes.
Richard Bernstein, stratège en chef chez Merrill Lynch, s'attend à une marche cahotique des valeurs, au moins durant le premier semestre. "Les investisseurs pourraient décider d'"hiberner" cet hiver", indique-t-il.
Or, R.Bernstein avait suscité l'émotion en décembre en passant d'une approche baissière à une approche haussière, relevant sa prévision sur le niveau du S&P 500 fin 2007 de 1490 à 1570 points, soit une progression de 12%. Le stratège, ces dernières années, n'avait jamais formulé une prévision annuelle de croissance supérieure à 10% concernant le S&P 500.
Cependant, R.Bernstein n'a pas modifié sa recommandation en termes d'allocation d'actifs, continuant de conseiller un investissement à 50% dans les actions, 30% dans les obligations et 20% en cash. Cette démarche s'explique parce que les investisseurs, malgré la rapide montée des valeurs, "restent plutôt haussiers".
Mais ce constat pose problème car si tout le monde est déjà présent sur le marché actions, d'où vont provenir les nouveaux investissements? En outre, si les investisseurs ont tant placé dans les actions, les marchés pourraient se retourner en cas de mauvaise nouvelle.
"Ce n'est pas le moment de s'emballer", affirme R.Bernstein.
Mercredi, les actions ont gagné du terrain à la faveur de bonnes statistiques sur l'activité manufacturière et de la poursuite de la détente des cours du pétrole. Toutefois, la publication des minutes de la dernière réunion du comité monétaire de la Fed a poussé les investisseurs vers la sortie, le rapport ayant souligné les craintes de la Fed concernant l'inflation et le ralentissement économique.
Redoutant une volatilité accrue des actions, R.Bernstein estime que les investisseurs devraient diversifier raisonnablement leurs placements, affectant une plus grande partie de leurs ressources dans les obligations et en cash.
Le stratège est aussi d'avis qu'une approche plus défensive est plus efficace dans un marché volatil et conseille d'investir dans les valeurs de la pharmacie et des biens de consommation de base.
Le mouvement de ventes de vendredi peut avoir été suscité par la Fed. Les minutes de sa dernière réunion ont quelque peu douché les espoirs de baisses des taux d'intérêt d'ici à la fin du premier semestre. Cela étant, d'ici là, il est possible que la Fed indique qu'elle envisage de réduire ses taux. Cette incertitude risque de se traduire par une évolution du marché en dents-de-scie; la prochaine réunion du comité monétaire de la Fed aura lieu fin janvier.
La politique monétaire n'est pas le seul élément susceptible de contrarier les marchés cette année. Pour la première fois depuis de nombreux trimestres, la croissance des bénéfices en pourcentage devrait être limitée à un seul chiffre; mais reste à savoir quelle sera l'ampleur du ralentissement de la croissance des bénéfices. Si, en définitive, les entreprises publient des résultats largement supérieurs aux prévisions, les actions pourraient connaître une sensible progression; en cas d'une croissance plus poussive que prévu des bénéfices, les valeurs risquent en revanche de reculer fortement. Le 9 janvier, Alcoa Inc. (AA) ouvrira le bal en publiant ses résultats du dernier trimestre 2006.
L'évolution du pétrole pourra aussi avoir un impact sur celle des marchés.
Les prises de bénéfices peuvent aussi jouer un rôle en la matière, de nombreuses valeurs ayant atteint ou s'approchant de plus-hauts historiques et l'indice Dow Jones ayant clôturé 22 fois à des niveaux records au cours des trois derniers mois.
"En cas de gains plus élevés que la normale, une phase de consolidation débute", note Steven Goldman, stratège en chef chez Weeden & Co. ajoutant qu'il sera désormais plus difficile au marché d'enregistrer une véritable progression.
D'après le stratège, les actions devraient connaître des périodes prolongées de volatilité, progressant légèrement sur une base mensuelle.
Charles Blood, qui dirige la recherche stratégique chez Brown Brothers Harriman, attend pour sa part "davantage d'oscillations en fonction de l'actualité que l'an dernier". Il faut dire que la fin 2006 a été particulièrement calme, les marchés ne s'écartant pas de leur tendance haussière.
En outre, le mouvement de baisse de la séance de mercredi ne doit pas être extrapolé sur le long terme et la première séance de l'année ne se solde par une hausse que dans 40% des cas, selon les données de Stock Trader.
"Les cinq premières séances pourraient servir d'avertissement", estime Jeffrey deGraaf, analyste technique en chef chez Lehman Brothers, pour qui il est encore trop tôt pour tirer des conclusions.
De fait, si le S&P 500 a terminé la séance de mercredi dans le rouge, sept de ses 10 secteurs ont clôturé dans le vert. Il reste que l'énergie et les matériaux, après avoir été les grands gagnants du quatrième trimestre, ont particulièrement reculé durant cette première séance de l'année.