La BCE maintient son principal taux, une hausse a été évoquée
Reuters le 06/12/2007 18h00
La Banque centrale européenne a observé le statu quo monétaire jeudi et son président a exclu une baisse des taux d'intérêt dans la zone euro en insistant sur les pressions inflationnistes.
Lors de sa conférence de presse mensuelle, Jean-Claude Trichet a indiqué qu'une baisse des taux n'avait pas été évoquée lors de la réunion du Conseil des gouverneurs et a précisé que plusieurs voix s'étaient au contraire élevées pour demander une hausse des taux.
L'euro a accentué ses gains face au dollar sur ces propos et a touché un plus haut de la séance à 1,4636 dollar.
Trichet a adopté un ton très ferme, déclarant que la zone euro devait absolument éviter des effets de second tour, c'est-à-dire des effets inflationnistes à long terme dus à la montée des prix pétroliers.
"Nous ne tolérerons pas d'effets de second tour", a-t-il dit. "En agissant fermement et au moment opportun, nous garantirons que des effets de second tour et des risques sur la stabilité des prix à moyen terme ne se matérialiseront pas."
Les économistes et les marchés financiers s'attendaient à ce que la BCE résiste aux pressions politiques en faveur d'un assouplissement monétaire. Mais la plupart des experts déclaraient aussi qu'une baisse des taux était plus probable qu'une hausse.
Pour l'heure, le taux de refinancement reste à 4,0%, niveau auquel il culmine depuis le 6 juin. Le taux de facilité de dépôt est maintenu à 3,0% et le taux de prêt marginal à 5,0%.
La BCE se distingue ainsi des autres grandes banques centrales mondiales, qui sont plutôt portées à baisser les taux.
La Banque du Canada a annoncé cette semaine une baisse des taux qui a pris les marchés par surprise. La Banque d'Angleterre a annoncé ce jeudi une baisse d'un quart de point de son taux d'intervention, le ramenant à 5,5%.
POUSSÉE D'INFLATION MARQUÉE ET PROLONGÉE
Une baisse des taux d'un quart de point au moins est en outre attendue mardi prochain de la part de la Réserve fédérale américaine pour contrer les effets négatifs de la crise des prêts immobiliers à risque.
Pour sa part, la BCE craint une spirale inflationniste. Elle surveille les prix pétroliers et la poussée de l'inflation qui, avec un taux de 3% en rythme annuel en novembre, a atteint dans la zone euro son niveau le plus élevé depuis plus de six ans.
L'Eurosystème a relevé jeudi ses prévisions d'inflation pour 2008, avec un taux moyen à 2,5% contre 2,0% projetés en septembre. Une modération est cependant attendue en 2009 qui devrait permettre de ramener l'inflation en dessous du plafond de 2% fixé par la BCE.
"Les nouvelles informations sur les prix des produits pétroliers et des comestibles suggèrent une poussée de l'inflation plus marquée et plus prolongée que prévu précédemment", a prévenu Trichet.
La croissance économique est attendue autour de 2% en 2008, une prévision légèrement moins optimiste que celle de septembre qui était de 2,3%. Une légère reprise est anticipée en 2009, avec une fourchette de PIB de 1,6% à 2,6%.
Ces prévisions sont globalement en ligne avec le potentiel de croissance et sont basées sur l'anticipation d'une économie mondiale résistante, a souligné Trichet, "le ralentissement de la croissance économique aux Etats-Unis devant être partiellement compensé par le maintien d'une croissance soutenue sur les marchés émergents".
Mais le président de la BCE n'a plus prononcé l'adjectif "favorable" pour évoquer les perspectives économiques. Il a une nouvelle fois insisté sur les risques de baisse de la croissance et a déclaré que le niveau d'incertitude était élevé "étant donné l'impact potentiel de la volatilité actuelle des marchés financiers et la réappréciation des risques sur l'économie réelle".
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